La légende de Buck
Il était une fois, un oiseau merveilleux, aussi grand qu’un étalon. De fait il était à moitié aigle, à moitié cheval. Un fabuleux hippogriffe. On l’appelait Buck. Il aimait parcourir les terres écossaises qui regorgeaient de forêts, de lacs et de vallées verdoyantes. Il n’avait pas toujours vécu ici. Il y a de nombreuses années il avait grandi dans une région sèche et rocailleuse. La nourriture était difficile à trouver. Et lors d’un hiver aride il avait rencontré cet homme. Un être aussi grand que lui, à l’allure lourdaude et animale. A bout de forces il s’était laissé soigner par lui, percevant chez cet homme une bonté telle qu’il ne l’avait senti chez aucun être auparavant. Celui-ci l’avait nourri et ramené chez lui à des kilomètres de là. Sa maison était un cabanon vétuste qui sentait le bois vieilli et les odeurs de cuisine. Buck s’y sentit très vite comme chez lui et n’hésita pas à s’approprier les lieux et la nourriture… Puis, après lui, année après année de nombreux autres animaux vinrent séjourner dans ce lieu providentiel. Pour y être soigné, pour manger ou bien même pour y grandir. Un jour Buck vit l’homme amener un petit garçon. Il semblait aussi perdu que tous les autres êtres qui avaient passé le pas de la porte, aussi blessé et malheureux. Il savait que l’homme le guérirait lui aussi. L'enfant séjourna dans l’imposant château surplombant la colline. De temps à autre l’oiseau observait l’enfant. Il l’aperçut un jour, sur le dos d’un balai volant surplombant les tours du château. Il était petit et maladroit mais il s’en sortait plutôt bien. Buck percevait toujours chez le petit un certain chagrin. Ce balai volant qui aurait dû lui faire oublier sa tristesse ne semblait pas faire opérer la magie. Un matin, alors que l’homme s’occupait d’un groupe d’enfants, l’oiseau se trouva face à ce petit sorcier. Buck perçut chez lui de la bravoure, de l’audace et un profond respect envers les êtres ne faisant pas partie de son espèce. C’est alors que l’homme souleva le jeune garçon pour le poser sur le dos de l’hippogriffe. Buck se sentit alors chargé d’une mission. Alors avec tout l’élan qu’il put aller chercher il bondit dans les airs portant sur son dos son nouvel ami. Buck n’avait pas le langage pour communiquer mais en parcourant les collines, les rivières et les lacs de ses grandes ailes il lui murmurait «Vole, libère de ton cœur cette tristesse, et vit !». Le cœur du petit sorcier sembla comprendre et lui répondit dans un cri retentissant.
Myriam Lumhy